Son travail curatorial, profondément ancré dans une pratique de l’écriture, se tourne vers les affects négatifs et les contre-utopies. Ses réflexions concordent avec des moments de désapprentissage et de transgression qui prennent corps dans des expositions et des éditions conçues de manière collaborative. Dans sa démarche qui s’appuie sur des méthodes féministes, elle aspire à toujours plus de porosité entre les catégories et les statuts en soulignant les hiérarchies qui structurent la société. Les opérations d’appropriation, de camouflage, de parodie, de dissémination, de mise en scène et de mise en page se retrouvent dans le travail des artistes qu’elle accompagne. Elle accorde une importance particulière aux objets éditoriaux qu’elle considère comme des médiums à part entière.

Lila Torquéo a réalisé plusieurs expositions dont « Un plus grand lac » (2020), avec le collectif espace projectif aux Magasins généraux. En résidence curatoriale aux Beaux-Arts de Paris, elle a réalisé l’exposition « CRÛ » (2021) au sein du Palais des Beaux-Arts, considérant la dimension politique, chimique et incivilisée de l’architecture domestique et des objets standardisés. Dans le même espace s’est tenue l’exposition « Ce n’est pas une menace, c’est une promesse » (2021-2022), co-curatée avec Lou Ferrand, sur la question du langage et de ses torsions, réunissant des paroles politiques liées à l’école, dont Act Up-Paris, au sein d’une publication éponyme. Leur collaboration s’est poursuivie lorsqu’elles ont été intervenantes invitées au séminaire de Clara Schulmann (Beaux-Arts de Paris) et de Vincent Romagny (ENSBA, Lyon). Elle a ensuite pris part à l’exposition « A Friend in Cc » (2022) à 8-Track Studio (Bruxelles) sur l’invitation de Lena Beckerich avec qui elle développe une recherche à l’intersection de l’esthétique, de la violence et de la psychopathologie. La Fondation Giacobetti – une institution miniature qu’elle a fondée cette année – a accueilli l’exposition inaugurale de Nastassia Kotava et Darya Danilovitch.