Vit à : Paris et Sancerre
Historienne de l’art, critique d’art, autrice et commissaire d’exposition indépendante, Clara Muller a suivi des études pluri-disciplinaires entre l’université Paris Diderot, Panthéon-Sorbonne, New York University et Columbia University. Elle mène depuis plusieurs années des recherches sur les enjeux de la respiration comme modalité de perception dans l’art contemporain ainsi que sur les diverses pratiques artistiques et littéraires employant les odeurs comme médium ou sujet. Elle contribue sur ces sujets à des publications universitaires, telles que Olfactory Art and the Political in an Age of Resistance (Routledge, 2021) ou Les Cahiers Lautréamont n°2 (Classiques Garnier, 2020), et donne régulièrement des cours et conférences abordant sous des angles divers les intersections entre les arts et l’olfaction.
Autrice de textes à la fois critiques et créatifs pour de nombreux projets d’expositions, au sein de monographies d’artistes et de catalogues d’expositions, elle collabore aussi à diverses revues d’art contemporain, en France et à l’étranger (Art Press, Possible, Point Contemporain, Transverse, 10011, Clot Magazine, etc). Egalement rédactrice pour la revue olfactive Nez, elle se penche dans ses pages sur les évocations olfactives dans les arts, le design, l’architecture et la littérature, et contribue à la collection d’ouvrage « Les Cahiers des Naturels » pour laquelle elle étudie de manière inédite et approfondie la place des fleurs à parfum dans l’histoire des arts visuels et décoratifs.
Elle a également collaboré avec de nombreux musées dont le Grand Musée du Parfum en 2016, le musée de la Vie Romantique ou encore le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, et assuré, seule ou en collectif, le commissariat de plusieurs expositions poly-sensorielles, notamment « Objet de tendresse » à la galerie Michel Journiac à Paris en 2018, « Nez à Nez. Parfumeurs Contemporains » au Musée du Design et d’Arts Appliqués Contemporains à Lausanne en 2019, « Mode et parfums. Un siècle d’influences » à l’Institut Français du Cambodge ou encore « Living with Scents au Museum » of Craft and Design de San Francisco en 2022. En 2024, elle est commissaire associée de l’exposition de Julie C. Fortier et Gabrielle Herveet à La Terrasse à Nanterre, « Je te suivrai jusqu’à la frontière de ton odeur / Là où la lumière se déchire un peu ».
JE TE SUIVRAI JUSQU’À LA FONTIÈRE DE TON ODEUR / LÀ OÙ LA LUMIÈRE SE DÉCHIRE UN PEU — La Terrasse Espace d’Art, Nanterre
Réunies sous un titre-poème commun, l’exposition personnelle de Julie C. Fortier et l’installation-calendaire de Gabrielle Herveet, ramènent dans le champ de notre considération les phénomènes, les choses et les êtres que notre modernité occidentale repousse dans les marges de notre attention. Les plantes en particulier, ces faiseuses de monde qui, en digérant la lumière, agencent les éléments à l’échelle planétaire, sont à présent victimes de ce que les botanistes nomment la “cécité botanique”, une incapacité non seulement à remarquer les êtres végétaux mais également à reconnaître leur importance dans la biosphère. Dans l’exposition, matérialités textiles, végétales et olfactives nous invitent à nous saisir de relations nouvelles — ou très anciennes — aux plantes et à se laisser habiter par d’autres perceptions et usages du monde.
Mode et parfums. Un siècle d’influences — Institut Français du Cambodge, Phnom Penh
L’union officielle de la mode et du parfum dans les Années Folles a constitué dans le monde Occidental une révolution dans l’art de la parfumerie. Naît à cette époque une génération de couturiers-parfumeurs dont Paul Poiret est le pionnier. Le parfum se conçoit alors comme un accessoire indispensable, un prolongement de la silhouette. Ainsi les vêtements, les fragrances et leurs écrins forment un tout cohérent et stratégique, la parfumerie représentant une activité lucrative permettant de financer celle de la couture. Cette grande productivité est rendue possible par l’avènement de la synthèse qui élargit considérablement la palette des parfumeurs. Nombreux sont alors les couturiers qui s’attachent les services d’un parfumeur-créateur « maison ». Toutes les modes trouvent désormais leurs expressions parfumées. L’exposition dressait le portrait de huit maisons emblématiques.
Living With Scents — Museum of Craft and Design, San Francisco
Nous percevons des odeurs à chaque respiration et celles-ci sont immédiatement interprétées par les parties les plus ancestrales de notre cerveau. Ces dernières années, chercheurs et praticiens, des neurosciences aux sciences humaines, se sont efforcés de mieux comprendre l’odorat, qui façonne profondément notre façon de vivre. Bien que de nature insaisissable et éphémère, les parfums peuvent donc être utilisés à dessein pour améliorer de nombreux aspects de notre vie. Entre les mains des designers contemporains, les parfums sont médiatisés de manière innovante pour éveiller une forme de nouvelle conscience sensorielle. Cette exposition présentait 40 de ces designers et artistes du monde entier dont le travail reflète et participe à la culturalisation croissante de l’olfactif.
En conversation — Villa Belleville, Paris
Commissariat assuré avec le Collectif Empreinte.
Informelle, intellectuelle, conflictuelle, la conversation permet d’étendre et d’articuler la pensée, de faire fructifier les idées, de sorte qu’adviennent de nouveaux possibles. Échanger avec l’autre permet de changer, sans se perdre ni se dénaturer, soutient Edouard Glissant. Entente ou confrontation, convaincre ou être convaincu, c’est toute une rhétorique du travail collectif qui se met en place dans la conversation. Et si l’entretien est devenu l’une des formes privilégiées du discours sur l’art contemporain, ce n’est pas seulement par regain d’intérêt pour la parole de l’artiste. C’est aussi parce qu’il éclaire les coulisses de la création et révèle, a posteriori, des trajectoires insoupçonnées.
Objet de tendresse — Galerie Michel Journiac, Paris
Commissariat assuré avec le Collectif Empreinte.
La tendresse évoque d’abord un attachement affectif profond, empreint de bienveillance, d’amour et de douceur. On pense moins souvent à son pendant matériel, la tendreté, avec lequel elle partage la même racine étymologique. Soulignant le caractère tendre d’un matériau, le mot peut désigner à la fois sa délicatesse, sa fragilité, ou encore sa malléabilité. Des caractéristiques qui, dans leur sens figuré, traduisent également des aspects propres à la tendresse. Pour autant, elle ne se laisse jamais complètement définir. Floue, relationnelle, fluide, elle semble se dissoudre dans les objets et personnes qui la portent. À travers leurs formes, leurs textures et leurs discours, les œuvres dessinent en creux ce sentiment intangible et mouvant.