Contexte du projet
Fondée en 2007, C-E-A / Association française des commissaires d’exposition est un réseau professionnel ayant pour objet de conduire tout type d’action susceptible de promouvoir l’activité des commissaires d’exposition sur le territoire français, européen et à l’international.
L’association compte plus de 500 adhérent·es depuis sa création, et plus de 250 membres actif·ves par an. Ils et elles ont une pratique régulière de conception et réalisation d’expositions d’art contemporain et d’accompagnement d’artistes.
L’objectif de C-E-A est d’initier, de mener et de rendre visible les projets qui nourrissent la réflexion sur les paramètres et enjeux du commissariat d’exposition. Ses actions passent par la mise en place d’opportunités rémunérées (création de parcours curatoriaux, accompagnement d’artistes, production de projets artistiques…), la constitution de ressources et outils (contrat-type, préconisations de rémunération), la mise en réseau (moments de rencontre, journées professionnelles, voyages curatoriaux…), ou encore par le soutien et la visibilisation de cette profession. L’une de ses préoccupations premières est la reconnaissance juridique et sociale du commissariat d’exposition.
C-E-A oriente ses actions vers la création d’outils professionnels, la structuration et la reconnaissance du métier. À cet effet, C-E-A souhaite coordonner l’observation sectorielle et l’étude des commissaires d’exposition avec l’appui de la sociologue Sylvia Girel.
Le métier de commissaire d’exposition est en perpétuelle évolution, s’adaptant aux évolutions sociales, politiques, économiques et numériques. En 2009, C-E-A lançait une première enquête sociologique pour dresser un portrait de la profession et partager les réalités inhérentes au métier. Cette première étape sociologique doit aujourd’hui être actualisée, affinée et complétée en sollicitant un panel élargi de commissaires d’exposition exerçants en France.
C-E-A célèbrera ses 20 ans en 2027, un contexte idéal pour mettre en évidences les transformations profondes des pratiques curatoriales, son rôle nécessaire dans l’écosystème de la création durant ces dernières décennies et la représentation du métier incarnée par le réseau.
L’ENQUÊTE
Cette enquête abordera d’abord plusieurs aspects essentiels à la compréhension du métier via des données démographiques, sociales et économiques. Au travers de ces grands axes, l’enquête sondera :
- les questions du statut (salariat, indépendance, affiliation au régime social d’artiste-auteur, autre),
- la pluriactivité,
- la rémunération financière (montants perçus pour les cessions de droits et les honoraires, revenus salariés bruts…),
- la manière d’être rémunéré·e (salariat, indépendance),
- connaître les évolutions liées à la vie professionnelles et leurs impacts sur la vie familiale et économique ou sur la santé,
- la place dans la filière des arts visuels,
- les relations de pouvoir et les injonctions,
- les questions de visibilité, de légitimité personnelle,
- les problématiques liées aux formations initiales et continues,
- la gestion du temps face à la superposition des projets,
- le rapport à l’appel à candidatures et ses refus,
- le besoin d’un statut pour une continuité des revenus artistiques,
- le droit à la déconnexion en tant qu’indépendant·e,
- la santé physique et mentale, les handicaps,
- la place du militantisme et du bénévolat dans certaines pratiques…
Objectifs
Le métier de commissaire d’exposition est au cœur du secteur des arts visuels, mais paradoxalement ses réalités concrètes restent méconnues. Afin de réaliser une étude fiable et rigoureuse permettant la reconnaissance du métier, C-E-A recherche des financements pour rémunérer l’expertise d’une sociologue réputée, Sylvia Girel, et celle de son laboratoire.
Ce projet est nécessaire pour l’avenir de la profession, et de l’ensemble du secteur. Les données récoltées permettront d’agir concrètement à plusieurs niveaux.
a) Comprendre pour mieux œuvrer
Notre recherche sociologique est essentielle pour comprendre, analyser et produire des connaissances objectives et nuancées sur un sujet peu étudié. L’enquête vient actualiser et affiner les données sur la représentativité de la profession de commissaire d’exposition et les modalités concrètes de la pratique. Grâce au décryptage des contradictions et polarités du métier, l’étude pourra apporter une conscience collective et faire évoluer les préjugés sur les conditions de travail des commissaires d’exposition. Les méthodes de travail et pratiques professionnelles s’adapteront mieux aux réalités des commissaires.
Ce travail des chercheur·ses et doctorant·es viendra enrichir un corpus de connaissances académiques. Nous pensons qu’elle deviendra une référence pour les étudiant·es et professionnel·les de part sa contribution significative aux études sur les métiers de la culture.
En interrogeant notamment ses adhérent·es et ancien·nes adhérent·es, l’enquête offrira à C-E-A une connaissance approfondie du profil de ses membres, permettant d’améliorer nos actions, nos outils et notre accompagnement.
b) Accompagner et valoriser la profession
C-E-A soutient concrètement la structuration d’une profession et agit pour sa valorisation au sein du secteur, des réseaux, des institutions, des collectivités, des instances gouvernementales. Une étude approfondie est un outil indispensable pour appuyer la reconnaissance de la profession et ses résultats ne seront pas seulement des chiffres, mais une base solide pour concevoir des initiatives de soutien à la profession pour les années à venir.
En disposant de données fiables, l’association pourra étayer ses revendications, ses actions de plaidoyer et ses outils professionnels avec des arguments tangibles. Les propositions formulées par C-E-A seront ancrées dans les réalités des commissaires d’exposition exerçant en France.
c) Conseiller les pouvoirs publics
L’actualisation de notre dernière étude apportera des connaissances précieuses sur la structuration du secteur des arts visuels, et des outils statistiques pour mesurer ses évolutions. Ainsi, C-E-A pourra légitimement conseiller les politiques publiques dans le cadre de ses engagements, particulièrement au sein du CNPAV.
Ces conclusions fournissent des données rigoureuses pour éclairer les décisions politiques et mener une politique publique efficace en faveur de l’emploi, de la formation, de la structuration administrative, des conditions de rémunération, des aides financières et programmes de soutien, des conditions de travail et la santé des travailleur·ses de l’art.
En définitive, cette étude est un outil essentiel pour la compréhension, la reconnaissance, la structuration, la valorisation et le développement du métier de commissaire d’exposition. Sa publication ainsi qu’une stratégie de communication efficace permettront à chacun et chacune, professionnel·le, chercheur·euse ou administrateur·trice d’avoir une vision claire de ses réalités.
